Salimatou, grande lectrice et admiratrice de Marie-Aude Murail a interviewé pour vous l'auteur de Devenez populaire en 5 leçons, Baby-Sitter Blues, Maïté Coiffure, Golem et tant d'autres romans que vous avez aimés...
Qu'est-ce qui vous a donné envie d'être écrivain?
Je suis d'une famille où l'on écrit, un père poète, une mère journaliste, un frère écrivain, une soeur écrivain et même une belle-soeur traductrice!
Quand est-ce que vous avez commencé à écrire?
J'ai commencé à écrire pour ma petite soeur, j'avais douze ans et je lui fabriquais une sorte de journal avec un feuilleton, des blagues, le courrier des lecteurs, etc.
On a vu que vous et vos frères ont écrit la saga de Golem. Qui d'entre vous a eu cette idée? Quand avez-vous eu l'idée d'écrire ensemble?
Nous avons toujours beaucoup joué ensemble Lorris, Elvire et moi. Le glissement vers l'écriture s'est fait naturellement. Nous avons commencé, ma soeur et moi, par écrire des textes courts comme "Il était trois fois" chez Bayard. puis nous avons eu envie parce que la mort de notre maman, puis la distance, nous séparaient, d'écrire plus longuement. Lorris, apprenant notre projet, a demandé à se joindre à nous. Nous nous sommes retrouvés dans notre maison d'enfance pour chercher notre sujet de roman. Nous nous sommes un peu disputés au début de l'après-midi, comme lorsque nous nous demandions "bon à quoi on joue?" les jeudis de notre enfance. Mais l'urgent quand on est enfant, c'est de jouer et on ne s'est jamais disputés longtemps. Nous avons vite trouvé notre sujet, presque sans nous en rendre compte, en blaguant, en renchérissant sur ce que disait l'autre. Et à la fin de l'après-midi, tout étonnés, nous nous sommes aperçus que nous tenions notre roman (ou du moins le premier épisode!)
Vous faites beaucoup de livres pour adolescents. Vous vous inspirez de faits réels?
Dans mes romans pour adolescents, je m'inspire parfois de faits-divers (comme pour les sans-papiers dans Vive la République!), parfois d'un vécu personnel (pour l'avortement dans "la fille du Docteur Baudoin"), mais aussi je mêle des souvenirs d'enfance à l'enfance de mes propres enfants (pour la série des Je Bouquine repris sous le titre "Je suis un héros" chez Bayard). je surfe sur Internet (par exemple pour les témoignages de NDE dans "l'expérienceur"). Je vais interroger les gens (des médecins, des assistantes sociales pour pouvoir parler de la leucémie, de l'adoption, etc.) J'utilise, parfois sans même m'en rendre compte des films, des poèmes, des chansons, des romans qui se sont enfoncés dans les profondeurs de mon inconscient. Je viens de me rendre compte ces jours-ci en relisant "La clinique du dr H" de Mary Higgins Clark de ses liens avec mon roman "Rendez-vous avec monsieur X". Comme le disait Aragon : "Je n'aurais pas tant écrit si je n'avais pas tant lu"...